Faits remarquables,
- l'espace a la propriété de contenir le réel selon trois axes que nous distinguons a priori, trois directions privilégiées qui permettent de spécifier les dimensions volumiques ; tous les êtres d'ailleurs, reconnaissent, à leur manière, ce que nous appelons la longueur, la largeur et la hauteur,
- les repères temporels sont appréhendés grâce à des facultés qui permettent à tout être, plus exactement à l’entité créatrice qui anime tout être, d'estimer des entre-deux non spatiaux : les durées,
et ce, suivant des processus innés, ou innés et conscients chez l'homme,
- en outre, l'espace et le temps ne comportent aucune discontinuité.
Nous les "fragmentons" néanmoins, en évoluant dans l’espace.
Le temps est caractérisé par des durées et les durées sont des entre-deux non spatiaux, des intervalles qui ne sont pas de l’espace, des intervalles qui sont donc d'ordre transcendant.
Le temps demeure une potentialité éternellement disponible en tout point de l'univers,
et il n'y a aucune différence d’ordre, aucune différence de nature entre les durées, en particulier celles qui ponctuent la vie intérieure (spirituelle) des êtres, notamment de l'homme.
De ce fait il n'y a pas jaillissements des durées mais "implications" de durées dans les états du réel.
Pour l'admettre encore faut-il dépasser les attendus qui associent le temps à l'espace avec le concept d'espace-temps car ces attendus taisent des processus essentiels : la reconnaissance et l’interprétation.
Considérons le moment présent, cet instant qui n'a point de durée puisque dès que nous tentons de le "saisir", il est déjà passé :
".... l’instant semble désigner quelque chose comme le point de départ d’un changement dans l’un ou l’autre sens. En effet, ce n’est certes pas à partir du repos encore au repos que s’effectue le changement ; ce n’est pas non plus à partir du mouvement encore en mouvement que s’effectue le changement. Mais l’instant, qu’on ne peut situer, est sis entre le mouvement et le repos, parce qu’il ne se trouve dans aucun laps de temps. Et tout naturellement, c’est bien vers l’instant et à partir de l’instant que ce qui est en mouvement change d’état pour se mettre au repos, et que ce qui est au repos change son état pour se mettre en mouvement." (cf. Platon – Parménide – 156e).
Exprimé différemment, l'instant apparaît comme un éternel présent qui paradoxalement sépare et unit le "temps passé" et le "temps futur" avec la propriété remarquable d'être toujours le même dans sa nature et sa signification, et ce, bien qu'il participe de contextes spatio-temporels différents.
L'instant présent permet donc de diviser les actualisations du temps, mais, lui-même, n'est pas divisible. Les instants ne sont pas affectés par les contraintes de la relativité, et ne peuvent être rassemblés bout à bout pour former des laps de temps puisqu'ils n'ont pas de durée (sinon en eux, se mêleraient passé et futur).
En cela, l’instant est une référence absolue.
L'analyse du moment présent par saint Augustin : "Je sais qu'il n'y aurait ni, si rien ne se passait, temps passé, ni, si rien n'advenait, temps futur, ni, si rien n'existait, temps présent, ... Quant à un présent, toujours présent, qui ne s'en aille point en un passé, ce ne serait plus du temps, ce serait l'éternité. Si donc le présent, pour être du temps, ne devient présent qu'à cause qu'il s'en va en un passé, quel mode d'être lui attribuer, sa raison d'être étant qu'il cessera d'être, si bien que nous attribuons vraiment un être au temps qu'à cause qu'il tend à n'être pas" (cf. Confessions - Livre XI, 14).
Ainsi, le moment présent (l’instant) représentatif de l’éternité, se révèle omniprésent, impliqué en tout être.
( merci à Serge Carfantan prof de philosophie)